lundi 11 octobre 2010

Parlons... Communiquons... Et ron... Et ron...

Lu aujourd’hui 11 Octobre chez Eric Chevillard :

C’est la plus belle saison question couleurs… voilà tout ce que j’entends, en les croisant le long du canal, de la conversation de ces deux dames d’un certain âge qui en sont donc encore à constater cela et à le constater à voix haute, que l’automne est la plus belle saison question couleurs, et à se communiquer sans délai l’information – et une fois de plus je me demande, moi, comment il est possible de se répéter ainsi sans se lasser, de relayer infatigablement les vérités premières avec l’inaltérable conviction de celui qui ferait part au monde d’une découverte stupéfiante en prenant le risque de choquer son auditoire.
 
 
 
 
Quel est le sens de cet interminable bavardage ? Et pourquoi encore chez certains ce besoin de formuler tout ce que perçoivent innocemment leurs sens (la température ambiante, les odeurs, etc.), alors qu’ils ne peuvent ignorer que leur expérience est partagée par toutes les personnes présentes ? Ces échanges oiseux auraient-ils seulement fonction de lien, de liant, pour désarmer ou amadouer autrui, afin de s’assurer aussi qu’il est bien notre semblable et ne représente aucun danger, quitte à le réduire en même temps que nous à notre plus petit dénominateur commun et à abolir ensemble dans la banalité la plus neutre nos farouches et inconciliables personnalités ?
 
 
 
 
Ceux qui ne peuvent s’y résoudre pourtant – trop vaniteux peut-être, trop conscients surtout de ce qui se joue et qui, pour les premiers, obéit moins à une stratégie ou un calcul qu’à un réflexe ou un instinct – se condamnent à une solitude dont ils souffrent quelquefois en regardant tournoyer sans un mot, dans le vent d’octobre, les feuilles couleur de rouille.


Rien à ajouter, ni enlever d’ailleurs.

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