vendredi 29 avril 2011

Journal de Zoé : Charlotte et Lucien vont voir

Vendredi 29 Avril 2011

Lucien et Charlotte sont partis pour le week-end du côté de V…
Ils espèrent obtenir incognito des informations sur Jeanne Bergeret.
Son existence ne fait pas de doute ; elle est bonnement sur l’annuaire du téléphone.
Mais a-t-elle jamais pu avoir un rapport avec nous ? Voilà ce qu’ils espèrent éclaircir.

jeudi 28 avril 2011

Journal de Zoé : Attendons et voyons

Jeudi 28 Avril 2011

GPVRA parti, nous reprenons nos habitudes.
Repos.

Peu de temps pour repenser à « ma tante ».
« Attendons et voyons » sera désormais ma devise.

mercredi 27 avril 2011

Journal de Zoé : GPVRA

Mercredi 27 Avril 2011

Grand branle-bas. GPVRA est dans nos murs depuis hier, pour deux jours.

lundi 25 avril 2011

Journal de Zoé : Charlotte

Lundi 25 Avril 2011

Charlotte et moi avons passé la journée d’hier en farniente.
Charlotte a beaucoup parlé, de sa mère évidemment, son problème principal, son problème unique.
Comme je lui suggérais d’en faire un roman :
« Pas question ! Un : je n’ai pas de talent. Deux : la littérature, ce n’est assurément pas la psychanalyse. Je peux continuer d’écrire une page de loin en loin sur mon blog. Cela me soulage un peu mais ce n’est surtout pas de la littérature. »

samedi 23 avril 2011

Journal de Zoé : Enfin partie!

Samedi 23 Avril 2011

La sœur de Charlotte est venue nous débarrasser de leur mère qui était chez nous depuis Jeudi.
Repos.

Cette femme aura la peau de ses deux filles !

Décidément, Charlotte a raison. Je suis très bien comme je suis.

Exit Tante Jeanne. Peut-être.

vendredi 22 avril 2011

Journal de Zoé : Regardons d'où vient le vent

Vendredi 22 Avril 2011

Quand j’ai demandé à Lucien d’aller la voir, il m’a ri au nez. Je n’ai pas insisté. Comment ai-je pu croire qu’il accepterait. Idée stupide. Passant idiot ou malveillant. Un troll, probablement.
Attendons la deuxième lettre.

En attendant, essayons de penser à autre chose.

Le vent, par exemple.

Quelques citations extraites d’une édition en ligne du Littré :

Les principaux de la cour, voyant l'occasion favorable et le vent tourné à la miséricorde, se levèrent et intercédèrent avec larmes, VAUGEL. Q. C. VII, 2.

Nous avons quatre chevaux à chaque calèche ; cela va comme le vent, SÉV. 104.

 J'avais pris votre cabriolet, j'allais comme le vent, PICARD, Trois quart. I, 8.

La housse ôtée, il n'y a qu'à la secouer ; autant en emporte le vent ; cela s'en va comme de la poussière, DANCOURT, les Agiot. II, 3.

Mille fois, au fort de l'orage J'ai regretté votre Carthage : Autant en emportait le vent, SCARR. Virg. VI.

Importun à tout autre, à soi-même incommode, Il change à tous moments d'esprit comme de mode, Il tourne au moindre vent, BOILEAU, Sat. VIII.

Dieu me garde d'aller me fourrer dans le tourbillon d'impertinences qui emporte à tout vent toutes les cervelles de Paris, VOLT. Lett. Richelieu, 29 avr. 1772.

Ils n'en viendront à bout [de marier un homme irrésolu] que le jour qu'ils auront trouvé l'invention de lier le vent, et de fixer le mercure, SÉV. 3 nov. 1688.

Envoyer et la dame et les amours au vent, CORN. Suite du Ment. II, 5.

Courage, mon garçon ! tout heur nous accompagne : Mettons flamberge au vent, et bravoure en campagne, MOL. l'Ét. III, 5.

Un sixième qui était un cabinet ouvert aux quatre vents, MONTESQ. Lett. pers. 45.

Mais un jour que les vents, retenant leur haleine, Laissaient paisiblement aborder les vaisseaux, LA FONT. Fabl. IV, 2.

Dans des chaconnes et gavottes, J'ai vu des Fleuves sautillants ; J'ai vu danser des Matelotes, Trois Jeux, six Plaisirs et deux Vents, PANARD, Oeuv. t. III, p. 334.

Je ne laisserai pas de vous pouvoir montrer quelque jour des poulets [billets d'amour] en portugais.... mais j'espère que le vent [un navire poussé par le vent] emportera bientôt toutes ces affections et me mettra en lieu où j'en ai de plus solides, VOIT. Lett. 43.

Dans deux jours il [un navire] sera achevé de charger, et partira au premier vent, VOIT. ib. 43.

 Il fait voile, il vogue, il a bon vent, LA FONT. Fianc.

 Nous eûmes assez longtemps un vent favorable pour aller en Sicile, FÉN. Tél. I.

jeudi 21 avril 2011

Journal de Zoé : pourquoi pas Lucien?

Jeudi 21 Avril 2011

Chez Charlotte, « un passant » me fait une suggestion constructive : envoyer Lucien.
Pourquoi pas ?

mercredi 20 avril 2011

Journal de Zoé : Claudine Ferrand m'écrit

Mercredi 20 Avril 2011

J’ai reçu aujourd’hui ce mail, orthographe laborieuse mais contenu limpide :

Vous ne me connaissais pas mais elle m'a beaucoup parler de vous.
Méfiévou de la personne qui vous écris quelle vous connais davant.
Je croit que sé meme pas vrai mais je suis pas sur.
Si vous venais la voir elle vous en fera voir de toutes les couleurs comme avec moi.
Elle et jamais contente et il fau tout le temps socuper delle.
Claudine Ferrand l'aide menagere de Jeanne Bergeret 

mardi 19 avril 2011

Journal de Zoé : Choses et autres

Mardi 19 Avril 2011


« Des fois, on cherche midi à quatorze heure ce qu’on a sous la main » disait, ce matin, à sa collègue une serveuse  du bar où j’attends parfois l’heure de mes rendez-vous.

Plus tard, l’arrivée d’un groupe m’a fait une nouvelle fois me poser cette ancienne question à laquelle je n’ai toujours pas trouvé la réponse : « Pourquoi suis-je si mal à l’aise quand je vois de parfaits inconnus se ridiculiser devant moi ? »

Clopine disait hier qu’elle a effacé deux chapitres de son roman. Aujourd’hui, elle donne l’adresse du site où elle a réécrit le premier. A suivre ?

lundi 18 avril 2011

Journal de Zoé : Attendons

Lundi 18 Avril 2011

Toujours le même dilemme.
Y aller ? Ou pas ? Attendre ?

Seule « violette perplexe » m’engage à aller la voir.
Mais, comment se fier au jugement de quelqu’un qui signe « violette perplexe » ?

Attendre sera le mieux. N’en parlons plus et attendons.

dimanche 17 avril 2011

samedi 16 avril 2011

Journal de Zoé : OUI.....MAIS

samedi 16 avril 2011

AC ou dinosaure ou quelqu’autre me demandait ce que Charlotte pensait de ma tentation d’aller voir « ma tante ». Eh bien ! Comme vous vous en doutez, Charlotte, comme Lucien, pense que je ferais une folie.
« J’admets que tu souffres d’une enfance sans mère, j’admets que tu veuilles vérifier un souvenir qui te hante et que tu n’as jamais pu étayer, mais quelle certitude obtiendras-tu ? Ce qu’elle te dira semblera confirmer tes impressions, mais comment savoir si elle ment ? Et tu sais bien qu’il est presque évident qu’elle ment. Tu ne vérifieras rien. Par contre, tu as toutes les chances de te faire « bouffer », ma vieille. Et je sais de quoi je parle. »

Et je sais qu’elle a raison.
Et je sais qu’elle sait « de quoi elle parle » quand elle me dit que je me ferai « bouffer ».

Mais je sais aussi que la « petite Zoé » a grande envie d’avoir une « tante Jeanne ».

vendredi 15 avril 2011

Journal de Zoé : fin de la lettre

Vendredi 15 Avril 2011

Je suis rentrée hier soir d’une sortie de deux jours épuisante. Nous avons alterné marches et bicyclette et je me demande si cela convient encore à nos âges.
Suite et fin de la lettre de « ma tante »

Donc pour en revenir à mes amours avec Paul et Gaby, nous formâmes un ménage à trois, harmonieux, ma foi, jusqu’en Septembre 45.
Là, je devine que tu vas penser « Mais, en Juillet 44, cette gamine avait au plus 18 ans, d’après ce qu’elle me dit ; le village de M… est un petit village où une histoire de ce genre ne pouvait que faire scandale ; comment les parents ont-ils accepté cette situation ? »
C’est une question que je me pose encore. L’époque était bizarre, vois-tu ? Nous n’étions plus vraiment là. Me rechercher aurait signifié me livrer à la Gestapo. Peut-être même ont-ils eu peur de Paul ? Ils n’ont rien essayé, à ma connaissance. Par la suite, au retour à la normale, ils ont refusé de me revoir. Et cela m’a été, m’est toujours, indifférent.
Mais est-il bien utile de revenir sur tout cela ? Mon pauvre Gabriel ! Mon pauvre Paul ! Je me suis longtemps interrogée avant de me décider à commencer cette lettre, voici déjà une semaine, et je me demande encore si je vais aller au bout. Tu n’imagines pas combien cela est pénible avec mes pauvres doigts déformés par l’arthrite. Je ne peux écrire que quelques lignes chaque jour ce qui ne m’aide pas toujours à suivre un ordre logique irréprochable. Tu as du remarquer cela et aussi mes différences d’écriture ; certains jours j’écris presque comme autrefois, mais la plupart du temps cela devient si irrégulier que j’ai moi-même toutes les peines du monde à me relire. Et ce n’est pas seulement mon écriture qui m’abandonne, ce sont aussi certains souvenirs, hélas ! Je ne suis même pas totalement assurée de la réalité de ce que je te raconte là.
Voilà un mois, j’ai ressorti un tas de vieilles lettres pour retrouver des repères. Tiens ! Je me demande si Claudine n’est pas tombée dessus  et si ce n’est pas son « roman d’amour un peu comme Jules et Jim ». Après tout, grand bien lui fasse ! Je ne vois pas ce que ma godiche pourra en tirer.
Tiens ! J’ai dit « godiche » comme ma mère quand elle parlait de ses bonnes.
Je crois que je vais quand même t’envoyer ce que j’ai déjà écrit et peut-être, à moins que tu ne viennes me voir avant pour entendre la suite de vive voix, t’en dirai-je un peu plus dans une prochaine lettre.
Celle qui fut pour toi,
                                       Tante Jeanne.

J’ai presqu’envie d’aller la voir, mais Lucien me le déconseille fortement. Il dit que je vais m’engluer dans une sorte de chantage aux sentiments et je pense qu’il a raison, mais j’entends dans cette lettre un appel au secours qui ne me laisse pas indifférente.
Et surtout, surtout, il y a ce vague souvenir qui me poursuit depuis si longtemps : je sais, ma raison sait que je ne peux pas avoir de souvenir de ma mère et pourtant, depuis toujours j’ai l’image vague  d’une présence maternelle. Pourquoi ne serait-ce pas Jeanne précisément ? Il peut y avoir dans son récit un fond de vérité. Mon père n’a jamais eu de frère mais cela n’implique pas l’inexistence d’un Gabriel et d’une Jeanne. C’est peut-être mon passé qui m’est offert.
Lucien me dit que je risque surtout d’y perdre ma belle indépendance. Il a raison. C’est évident.

jeudi 14 avril 2011

mardi 12 avril 2011

Journal de Zoé : LA LETTRE

Mardi 12 Avril 2011

Pas de temps aujourd’hui.
Ci-dessous, l’état actuel de la transcription de LA LETTRE :

Ma petite Zoé,
Te souviens-tu de nos promenades dans les bois de M…. ?
Te souviens-tu seulement de Jeanne, « tante Jeanne »  pour toi?
Tu étais si jeune, nous nous sommes perdues depuis si longtemps, que je t’appelle encore « ma petite Zoé », bien que tu sois probablement bien près des soixante-dix, peut-être même les as-tu déjà. Si je me rappelle bien, tu n’avais que quinze ans de moins que moi et me voilà octogénaire depuis cinq ans.
J’avais vingt deux ans la dernière fois que je t’ai vue ; il me semble bien que tu venais d’en avoir cinq ; finalement, ce serait dix-sept ans de différence et cela te ferait soixante et huit ans. Je me trompe ?
C’était le printemps quarante-huit.
Mon Dieu ! Que c’est loin tout ça !  Gabriel était parti chez le notaire avec ton père ; j’étais restée pour garder « les petits », ma présence là-bas étant inutile ; je n’étais après tout qu’une pièce rapportée.
J’aimais bien vous garder ; vous étiez si sages, toi surtout, ma petite Zoé.
Ce jour-là, il faisait un temps magnifique, un vrai temps de printemps, un peu chaud, comme il arrive souvent en Mai ; je vous ai amenés au bord de la rivière où nous avons pique-niqué ; peut-être te rappelles-tu tout cela.
Ce que tu ne sais probablement pas c’est que Gabriel et Paul  devaient nous y rejoindre et ne sont jamais venus.
Que tout cela est loin ! Et cependant, je revois tout comme si nous le vivions encore : la belle journée, le retour, vous si joyeux, moi un peu inquiète de leur absence, l’arrivée chez Paul. Evidemment, tu ne peux pas te rappeler tout cela, Gabriel dans la voiture, prêt au départ, Paul qui sort de la maison dès qu’il entend vos rires, qui vous entraine, mon désarroi, Gabriel qui me fait signe de monter dans la voiture, ma courte hésitation, notre départ.
Je sais que, de tout cela, vous n’avez jamais entendu reparler, Que Paul n’a plus jamais parlé de son frère, qu’il a interdit qu’on vous en parle ; tout cela, je le sais par votre tante Berthe.
J’ai su la mort de Paul, celle de Berthe ; dernier témoin de cette histoire, j’ai pensé que vous aviez le droit de savoir et que j’étais votre dernière chance et que le temps m’était compté ; pour cela, j’ai pris la décision de t’écrire tout ce que je sais ; pourquoi à toi, ma petite Zoé, plutôt qu’à Lucien ? Un réflexe naturel de vieille dame qui se sentira toujours plus à l’aise avec une autre femme.
La rupture des deux frères a eu une double raison, une raison immédiate, un conflit d’intérêt et une raison plus ancienne qui paraissait oubliée, qui a ressurgi  à cette occasion et où je fus malheureusement « celle par qui le scandale arriva ».
Ici, il me semble nécessaire de commencer mon récit à son commencement, c’est-à-dire en Décembre 43. Ton oncle Gabriel et moi étions alors à l’Ecole Normale, c’était notre première année. Nous nous « fréquentions » comme on disait alors. J’avais obtenu de mes parents l’autorisation—je n’avais pas dix-huit ans et, à cette époque et pour longtemps encore la majorité ne s’obtenait pas avant vingt et un ans--, j’avais donc l’autorisation, car ils avaient en moi toute confiance, de passer la soirée et la nuit de Noël—à ce moment-là, en pleine occupation, avec le couvre-feu, la soirée impliquait toute la nuit, bien évidemment-- dans la famille de ton oncle Gaby. C’est là que je rencontrai  Paul pour la première fois. Veuf, un peu mélancolique, genre « beau ténébreux » de cinéma, il ne pouvait manquer d’éveiller l’intérêt d’une adolescente romantique et, il faut le dire, un peu niaise.
Dès le premier regard, je ne vis plus que lui et je dois à la vérité de dire que ce fut réciproque ; c’était, à n’en pas douter, ce coup de foudre dont je croyais l’existence réservée au cinéma et à la littérature pour demoiselles pales comme l’a nommée quelqu’un dont le nom m’échappe pour l’instant. Je ne luttai pas, lui non plus, « je fus toute à lui » comme on peut le lire dans le genre de romans roses dont je te parlais à l’instant. Quand il me dit son appartenance au « parti » et à la Résistance, tu imagines sans peine, je n’en doute pas, la (illisible) de mon admiration. Gaby, mon premier amoureux, je l’avais oublié, gommé, supprimé, sans l’ombre d’un scrupule. Bien entendu, ce que je te raconte là ne fut pas l’affaire d’une nuit, fût-elle de Noël. Je rencontrai donc Paul à Noël 43, nous devînmes amants le 10 Janvier 1944—date que je n’ai jamais oubliée—pendant une maladie de Gaby. Si je me rappelle bien, Paul ne me parla de son engagement qu’en Juillet.
Je me relis et je pense que tu dois trouver cette histoire bien ridicule, mes expressions quelque peu ampoulées, que tu diras que j’aurais aussi bien pu écrire  « Je le vis, je rougis, je palis à sa vue… » ; il est bien difficile de parler de ce qui m’arriva cette nuit de Noël sans tomber dans le (illisible) . Attention ! Je ne suis pas en train de te dire que les vers de Phèdre sont dignes du roman de gare. Là, je m’embrouille. Disons que je trouve que «Je ne luttai pas, lui non plus » ou «dès le premier regard, je ne vis plus que lui » me semblent un peu mélo mais que je ne vois pas comment dire autrement, mais que si j’avais écrit les vers de Racine l’expression aurait peut-être été plus exacte  mais aurait ajouté à ton inévitable scepticisme. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre. Mes années d’enseignement sont là, derrière moi, pour me rappeler que se faire comprendre est une chose presque impossible. Mais je m’embrouille encore. Je n’ai pas entrepris  la rédaction de cette lettre, travail devenu très pénible pour moi avec mes pauvres mains qui ne m’obéissent plus, cela se voit évidemment à mon écriture qui ressemble au (deux mots illisibles) de Montaigne, pour te parler pédagogie, cela va de soi. Je te parlais donc de mon idylle avec ton père et j’en étais au début de l’été 44. Evidemment, je voulus immédiatement adhérer, au parti et à la Résistance. Paul  combattit cette idée car il ne souhaitait pas me mettre en danger, mais Gabriel se joignit à moi et nous nous engageâmes tous les trois. Là, tu t’étonnes peut-être de la présence de Gaby ; nous vivions alors quelque chose qui pourrait évoquer le roman Jules et Jim que tu as lu peut-être, au moins connais-tu sans doute le film. A propos de Jules et Jim, j’ai actuellement une femme de ménage un peu niaise mais « branchée » comme  j’entends dire maintenant et même « cablée », qui a son blog où elle  écrit « un roman d’amour, un peu comme Jules et Jim, vous
voyez madame », qui a eu l’idée d’écrire parce que « sur l’Internet  tout le monde peut écrire et imaginez si quelqu’un allait me remarquer ! », la pauvre cruche ! Enfin ! Tu imagines ! Non, tu n’imagines pas, mais moi, je la connais. Elle me parle d’une certaine Clopine Trouillefou qui aurait écrit, si j’ai bien compris, un livre de vulgarisation de la Recherche du Temps Perdu qu’elle compare, me dit Claudine, à un chou romanesco, mais là je pense que c’est mon idiote qui n’a rien compris. Enfin, toujours selon Claudine, cette Clopine-là serait autodidacte, du moins c’est ce que j’ai déduit de ses explications.
L’ouvrage vanté, la Recherche racontée à mes potes, est peut-être une œuvre géniale, après tout !
Et voilà que je m’égare encore une fois !
C’est l’âge ! on ne sait plus ce qu’on disait une minute avant.
Heureusement, en écrivant, on retrouve plus facilement le fil.
Revenons à mes amours avec ton père et ton oncle, des amours dans le « style Jules et Jim » te disais-je à peu près. En réalité, ce n’était pas vraiment comparable au roman où, si je me souviens bien, Jules rencontre Kathe (devenue Catherine dans le film de Truffaut ; tiens ! n’est-il pas amusant que l’on se rappelle sans erreur les prénoms des garçons, évidemment à cause du titre, et jamais celui du personnage joué par Jeanne Moreau alors que je te défies de me donner les noms des acteurs masculins ; à ce propos, j’ai découvert récemment que Henri Serre qui joue Jim n’a tourné que peu de films sans intérêt d’ailleurs dont un OSS117 ; je ne sais pas s’il était Hubert machin… il avait le physique), Jules rencontre donc Kathe, la présente à Jim, tout cela peut cadrer mais Jim et Kathe ne deviennent amants que des années plus tard après une longue séparation du couple allemand Jules-Kathe et du français Jim.
Donc pour en revenir à mes amours avec Paul et Gaby, nous formâmes un ménage à trois, harmonieux, ma foi, jusqu’en Septembre 45.
Là, je devine que tu vas penser « Mais, en Juillet 44, cette gamine avait au plus 18 ans, d’après ce qu’elle me dit ; le village de M… est un petit village où une histoire de ce genre ne pouvait que faire scandale ; comment les parents ont-ils accepté cette situation ? »
C’est une question que je me pose encore. L’époque était bizarre, vois-tu ? Nous n’étions plus vraiment là. Me rechercher aurait signifié me livrer à la Gestapo. Peut-être même ont-ils eu peur de Paul ? Ils n’ont rien essayé, à ma connaissance.
Par la suite, au retour à la normale, ils ont refusé de me revoir. Et cela m’a été, m’est toujours, indifférent.



lundi 11 avril 2011

Journal de Zoé : Jeanne, Paul et Gaby (suite)

Lundi 11 Avril 2011

Ni marche, ni vélo aujourd’hui. Le temps n’est pas propice et cela est fort heureux ; mes cuisses ont besoin de repos.

J’ai donc repris la lettre de « ma tante ».
La tâche n’est pas aisée : écriture minuscule et désordonnée, ratures nombreuses, ponctuation pas toujours évidente (j’ai du refermer une parenthèse  ce matin), plusieurs mots illisibles (je ne suis même pas assurée d’avoir toujours transcrit le mot exact), logique défaillante ; dans ma transcription, j’essaie d’aérer un peu par des sauts à la ligne ; dans l’original, tout est serré, confus et, de surcroit, Jeanne utilise une méthode que je croyais disparue avec la génération de ma grand-mère : une page remplie, elle continue dans les marges sur la feuille tournée à 90 degrés.

Voici donc la « livraison » du jour :

Revenons à mes amours avec ton père et ton oncle, des amours dans le « style Jules et Jim » te disais-je à peu près. En réalité, ce n’était pas vraiment comparable au roman où, si je me souviens bien, Jules rencontre Kathe (devenue Catherine dans le film de Truffaut ; tiens ! n’est-il pas amusant que l’on se rappelle sans erreur les prénoms des garçons, évidemment à cause du titre, et jamais celui du personnage joué par Jeanne Moreau alors que je te défies de me donner les noms des acteurs masculins ; à ce propos, j’ai découvert récemment que Henri Serre qui joue Jim n’a tourné que peu de films sans intérêt d’ailleurs dont un OSS117 ; je ne sais pas s’il était Hubert machin… il avait le physique), Jules rencontre donc Kathe, la présente à Jim, tout cela peut cadrer mais Jim et Kathe ne deviennent amants que des années plus tard après une longue séparation du couple allemand Jules-Kathe et du français Jim.
Donc pour en revenir à mes amours avec Paul et Gaby, nous formâmes un ménage à trois, harmonieux, ma foi, jusqu’en Septembre 45.
Là, je devine que tu vas penser « Mais, en Juillet 44, cette gamine avait au plus 18 ans, d’après ce qu’elle me dit ; le village de M… est un petit village où une histoire de ce genre ne pouvait que faire scandale ; comment les parents ont-ils accepté cette situation ? »
C’est une question que je me pose encore. L’époque était bizarre, vois-tu ? Nous n’étions plus vraiment là. Me rechercher aurait signifié me livrer à la Gestapo. Peut-être même ont-ils eu peur de Paul ? Ils n’ont rien essayé, à ma connaissance.
Par la suite, au retour à la normale, ils ont refusé de me revoir. Et cela m’a été, m’est toujours, indifférent.

dimanche 10 avril 2011

Journal de Zoé : "Tante Jeanne" parle Littérature

Je te parlais donc de mon idylle avec ton père et j’en étais au début de l’été 44. Evidemment, je voulus immédiatement adhérer, au parti et à la Résistance. Paul  combattit cette idée car il ne souhaitait pas me mettre en danger, mais Gabriel se joignit à moi et nous nous engageâmes tous les trois. Là, tu t’étonnes peut-être de la présence de Gaby ; nous vivions alors quelque chose qui pourrait évoquer le roman Jules et Jim que tu as lu peut-être, au moins connais-tu sans doute le film. A propos de Jules et Jim, j’ai actuellement une femme de ménage un peu niaise mais « branchée » comme  j’entends dire maintenant et même « cablée », qui a son blog où elle  écrit « un roman d’amour, un peu comme Jules et Jim, vous
voyez madame », qui a eu l’idée d’écrire parce que « sur l’Internet  tout le monde peut écrire et imaginez si quelqu’un allait me remarquer ! », la pauvre cruche ! Enfin ! Tu imagines ! Non, tu n’imagines pas, mais moi, je la connais. Elle me parle d’une certaine Clopine Trouillefou qui aurait écrit, si j’ai bien compris, un livre de vulgarisation de la Recherche du Temps Perdu qu’elle compare, me dit Claudine, à un chou romanesco, mais là je pense que c’est mon idiote qui n’a rien compris. Enfin, toujours selon Claudine, cette Clopine-là serait autodidacte, du moins c’est ce que j’ai déduit de ses explications.
L’ouvrage vanté, la Recherche racontée à mes potes, est peut-être une œuvre géniale, après tout !
Et voilà que je m’égare encore une fois !
C’est l’âge ! on ne sait plus ce qu’on disait une minute avant.
Heureusement, en écrivant, on retrouve plus facilement le fil.
Revenons à mes amours avec ton père et ton oncle.

samedi 9 avril 2011

Journal de Zoé : les amours de "ma tante"

Samedi 9 Avril 2011

Hier, longue marche.
Aujourd’hui, vélo.
Je suis épuisée.
Voici la suite de la lettre (la suite si on veut ; comme d’habitude, je reprends un peu avant pour conserver une cohérence au morceau publié).

Ici, il me semble nécessaire de commencer mon récit à son commencement, c’est-à-dire en Décembre 43. Ton oncle Gabriel et moi étions alors à l’Ecole Normale, c’était notre première année. Nous nous « fréquentions » comme on disait alors. J’avais obtenu de mes parents l’autorisation—je n’avais pas dix-huit ans et, à cette époque et pour longtemps encore la majorité ne s’obtenait pas avant vingt et un ans--, j’avais donc l’autorisation, car ils avaient en moi toute confiance, de passer la soirée et la nuit de Noël—à ce moment-là, en pleine occupation, avec le couvre-feu, la soirée impliquait toute la nuit, bien évidemment-- dans la famille de ton oncle Gaby. C’est là que je rencontrai  Paul pour la première fois. Veuf, un peu mélancolique, genre « beau ténébreux » de cinéma, il ne pouvait manquer d’éveiller l’intérêt d’une adolescente romantique et, il faut le dire, un peu niaise.
Dès le premier regard, je ne vis plus que lui et je dois à la vérité de dire que ce fut réciproque ; c’était, à n’en pas douter, ce coup de foudre dont je croyais l’existence réservée au cinéma et à la littérature pour demoiselles pales comme l’a nommée quelqu’un dont le nom m’échappe pour l’instant. Je ne luttai pas, lui non plus, « je fus toute à lui » comme on peut le lire dans le genre de romans roses dont je te parlais à l’instant. Quand il me dit son appartenance au « parti » et à la Résistance, tu imagines sans peine, je n’en doute pas, la (illisible) de mon admiration. Gaby, mon premier amoureux, je l’avais oublié, gommé, supprimé, sans l’ombre d’un scrupule. Bien entendu, ce que je te raconte là ne fut pas l’affaire d’une nuit, fût-elle de Noël. Je rencontrai donc Paul à Noël 43, nous devînmes amants le 10 Janvier 1944—date que je n’ai jamais oubliée—pendant une maladie de Gaby. Si je me rappelle bien, Paul ne me parla de son engagement qu’en Juillet.
Je me relis et je pense que tu dois trouver cette histoire bien ridicule, mes expressions quelque peu ampoulées, que tu diras que j’aurais aussi bien pu écrire  « Je le vis, je rougis, je palis à sa vue… » ; il est bien difficile de parler de ce qui m’arriva cette nuit de Noël sans tomber dans le (illisible) . Attention ! Je ne suis pas en train de te dire que les vers de Phèdre sont dignes du roman de gare. Là, je m’embrouille. Disons que je trouve que «Je ne luttai pas, lui non plus » ou «dès le premier regard, je ne vis plus que lui » me semblent un peu mélo mais que je ne vois pas comment dire autrement, mais que si j’avais écrit les vers de Racine l’expression aurait peut-être été plus exacte  mais aurait ajouté à ton inévitable scepticisme. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre. Mes années d’enseignement sont là, derrière moi, pour me rappeler que se faire comprendre est une chose presque impossible. Mais je m’embrouille encore. Je n’ai pas entrepris  la rédaction de cette lettre, travail devenu très pénible pour moi avec mes pauvres mains qui ne m’obéissent plus, cela se voit évidemment à mon écriture qui ressemble au (deux mots illisibles) de Montaigne, pour te parler pédagogie, cela va de soi. Je te parlais donc de mon idylle avec ton père et j’en étais au début de l’été 44. Evidemment, je voulus immédiatement adhérer, au parti et à la Résistance.


mercredi 6 avril 2011

Journal de Zoé : un amour de Paul

Mercredi 6 Avril 2011

Marche ce matin avec Charlotte.
Le dernier billet d’Assouline m’a donné envie de me procurer le dernier Eco.

J’ai réussi à transcrire quelques lignes supplémentaires de « ma tante » où le roman-feuilleton prend forme et qui nous conduira sous peu, je vous le promets, à un épisode « Jules et Jim »:

Ici, il me semble nécessaire de commencer mon récit à son commencement, c’est-à-dire en Décembre 43. Ton oncle Gabriel et moi étions alors à l’Ecole Normale, c’était notre première année. Nous nous « fréquentions » comme on disait alors. J’avais obtenu de mes parents l’autorisation—je n’avais pas dix-huit ans et, à cette époque et pour longtemps encore la majorité ne s’obtenait pas avant vingt et un ans--, j’avais donc l’autorisation, car ils avaient en moi toute confiance, de passer la soirée et la nuit de Noël—à ce moment-là, en pleine occupation, avec le couvre-feu, la soirée impliquait toute la nuit, bien évidemment-- dans la famille de ton oncle Gaby. C’est là que je rencontrai  Paul pour la première fois. Veuf, un peu mélancolique, genre « beau ténébreux » de cinéma, il ne pouvait manquer d’éveiller l’intérêt d’une adolescente romantique et, il faut le dire, un peu niaise.
Dès le premier regard, je ne vis plus que lui et je dois à la vérité de dire que ce fut réciproque ; c’était, à n’en pas douter, ce coup de foudre dont je croyais l’existence réservée au cinéma et à la littérature pour demoiselles pales comme l’a nommée quelqu’un dont le nom m’échappe pour l’instant. Je ne luttai pas, lui non plus, « je fus toute à lui » comme on peut le lire dans le genre de romans roses dont je te parlais à l’instant. Quand il me dit son appartenance au « parti » et à la Résistance, …..

mardi 5 avril 2011

Journal de Zoé : Nouvelle police

Mardi 5 Avril 2011

J’ai été fort occupée aujourd’hui : rendez-vous en ville pour une affaire de famille, préparation du repas.

J’essaie, pour la lettre de « ma tante », une police plus proche de sa véritable écriture mais nettement plus lisible :

Ma petite Zoé,
Te souviens-tu de nos promenades dans les bois de M…. ?
Te souviens-tu seulement de Jeanne, « tante Jeanne »  pour toi?
Tu étais si jeune, nous nous sommes perdues depuis si longtemps, que je t’appelle encore « ma petite Zoé », bien que tu sois probablement bien près des soixante-dix, peut-être même les as-tu déjà. Si je me rappelle bien, tu n’avais que quinze ans de moins que moi et me voilà octogénaire depuis cinq ans.
J’avais vingt deux ans la dernière fois que je t’ai vue ; il me semble bien que tu venais d’en avoir cinq ; finalement, ce serait dix-sept ans de différence et cela te ferait soixante et huit ans. Je me trompe ?
C’était le printemps quarante-huit.
Mon Dieu ! Que c’est loin tout ça !  Gabriel était parti chez le notaire avec ton père ; j’étais restée pour garder « les petits », ma présence là-bas étant inutile ; je n’étais après tout qu’une pièce rapportée.
J’aimais bien vous garder ; vous étiez si sages, toi surtout, ma petite Zoé.
Ce jour-là, il faisait un temps magnifique, un vrai temps de printemps, un peu chaud, comme il arrive souvent en Mai ; je vous ai amenés au bord de la rivière où nous avons pique-niqué ; peut-être te rappelles-tu tout cela.
Ce que tu ne sais probablement pas c’est que Gabriel et Paul  devaient nous y rejoindre et ne sont jamais venus.
Que tout cela est loin ! Et cependant, je revois tout comme si nous le vivions encore : la belle journée, le retour, vous si joyeux, moi un peu inquiète de leur absence, l’arrivée chez Paul. Evidemment, tu ne peux pas te rappeler tout cela, Gabriel dans la voiture, prêt au départ, Paul qui sort de la maison dès qu’il entend vos rires, qui vous entraine, mon désarroi, Gabriel qui me fait signe de montrer dans la voiture, ma courte hésitation, notre départ.
Je sais que, de tout cela, vous n’avez jamais entendu reparler, Que Paul n’a plus jamais parlé de son frère, qu’il a interdit qu’on vous en parle ; tout cela, je le sais par votre tante Berthe.
J’ai su la mort de Paul, celle de Berthe ; dernier témoin de cette histoire, j’ai pensé que vous aviez le droit de savoir et que j’étais votre dernière chance et que le temps m’était compté ; pour cela, j’ai pris la décision de t’écrire tout ce que je sais ; pourquoi à toi, ma petite Zoé, plutôt qu’à Lucien ? Un réflexe naturel de vieille dame qui se sentira toujours plus à l’aise avec une autre femme.
La rupture des deux frères a eu une double raison, une raison immédiate, un conflit d’intérêt et une raison plus ancienne qui paraissait oubliée, qui a ressurgi  à cette occasion et où je fus malheureusement « celle par qui le scandale arriva ».
Ici, il me semble nécessaire de commencer mon récit à son commencement, c’est-à-dire en Décembre 43. Ton oncle Gabriel et moi étions alors à l’Ecole Normale, c’était notre première année. Nous nous « fréquentions » comme on disait alors. J’avais obtenu de mes parents l’autorisation—je n’avais pas dix-huit ans et, à cette époque et pour longtemps encore la majorité ne s’obtenait pas avant vingt et un ans--, j’avais donc l’autorisation, car ils avaient en moi toute confiance, de passer la soirée et la nuit de Noël—à ce moment-là, en pleine occupation, avec le couvre-feu, la soirée impliquait toute la nuit, bien évidemment-- dans la famille de ton oncle Gaby. C’est là que je rencontrai  Paul pour la première fois. Veuf, un peu mélancolique, genre « beau ténébreux » de cinéma, il ne pouvait manquer d’éveiller l’intérêt d’une adolescente romantique et, il faut le dire, un peu niaise.


lundi 4 avril 2011

Journal de Zoé : En attendant "tante Jeanne"

Lundi 4 Avril 2011

Lu ce matin chez Chevillard :

Il alla chercher la sagesse jusqu’en Orient et, lorsqu’enfin il parvint au détachement suprême qui lui fit mépriser la gloire, les honneurs et toute forme de reconnaissance, il dut reconnaître qu’il se moquait aussi de l’amour désormais, qu’il n’avait plus de goût pour le chocolat liégeois et que la vie en somme lui semblait une plaisanterie un peu longue et fastidieuse.

La suite de la lettre de « tante Jeanne » qui, d’après mes premiers déchiffrages, tente de nous vendre un croisement de Jules et Jim et de L’armée des ombres me demande beaucoup de temps : sa calligraphie ne rend pas la lecture facile mais surtout j’essaie de contrôler la vraisemblance historique de son récit ce qui me ralentit beaucoup. Au moins, tout cela m’aura permis d’acquérir  une petite culture sur la période 40-45.
Pour l’instant, je n’ai noté dans son récit que deux erreurs.
Croire que nous goberions le nouveau frère de notre père sans aller vérifier les papiers de famille et que nous ne trouverions pas le livret de famille qui établit que Pierre-Jules Bergeret et Simone née Thibault n’ont eu d’autre enfant que Paul, né en 1918 et Berthe née en 1922 était un peu naïf « tantine » !
Et prétendre que vous étiez entrés à l’Ecole Normale d’instituteur en 1943 alors qu’elle avait été supprimée par Pétain dès 1940 !

Cette suite viendra. Qu’on me laisse un peu de temps.


dimanche 3 avril 2011

Journal de Zoé : Charlotte est rentrée

Dimanche 3 Avril 2011

Charlotte est rentrée hier soir.

Nous avons fêté son retour ; un peu trop peut-être. J’ai dormi la plus grande partie de la journée.

Je reprendrai demain la transcription des élucubrations de « notre tante » qui en est à nous décrire ses amours avec mon père et mon oncle inventé selon la tradition de Jules et Jim.
On en reparlera.

samedi 2 avril 2011

Journal de Zoé : du temps de "Vichy"

Samedi 2 Avril 2011

Ne jamais oublier que Paul Claudel écrivit ceci en 1940 :

« La France est délivrée après soixante ans de joug du parti radical et anticatholique (professeurs, avocats, Juifs, francs-maçons). Le nouveau gouvernement invoque Dieu et rend la Grande Chartreuse aux religieux. Espérance d'être délivré du suffrage universel et du parlementarisme. »


Suite de la lettre de « tante Jeanne » qui contient un indice irréfutable de son imposture :

La rupture des deux frères a eu une double raison, une raison immédiate, un conflit d’intérêt et une raison plus ancienne qui paraissait oubliée, qui a ressurgi  à cette occasion et où je fus malheureusement « celle par qui le scandale arriva ».
Ici, il me semble nécessaire de commencer mon récit à son commencement, c’est-à-dire en Décembre 43. Ton oncle Gabriel et moi étions alors à l’Ecole Normale, c’était notre première année. Nous nous « fréquentions » comme on disait alors. J’avais obtenu de mes parents l’autorisation—je n’avais pas dix-huit ans et, à cette époque et pour longtemps encore la majorité ne s’obtenait pas avant vingt et un ans--, j’avais donc l’autorisation, car ils avaient en moi toute confiance, de passer la soirée et la nuit de Noël—à ce moment-là, en pleine occupation, avec le couvre-feu, la soirée impliquait toute la nuit, bien évidemment-- dans la famille de ton oncle Gaby. C’est là que je rencontrai  Paul pour la première fois. Veuf, un peu mélancolique, genre « beau ténébreux » de cinéma, il ne pouvait manquer d’éveiller l’intérêt d’une adolescente romantique et, il faut le dire, un peu niaise.

vendredi 1 avril 2011

Journal de Zoé : Bouvard et Pécuchet, Poil de Carotte et Tante Jeanne

Vendredi 1er Avril 2011

Trouvé, ce matin, sur le blog l’autofictif de Chevillard qui me sert de portail d’entrée sur Internet, :
« Commentaire d’un lecteur de Bouvard et Pécuchet sur le site d’une librairie en ligne : Ce qui est admirable dans cette histoire c'est l'amitié entre ces deux hommes d'un certain âge qui se retirent pour tout apprendre, tout essayer. Mais le gros défaut, c'est cette volonté encyclopédique qui pousse Flaubert à être exhaustif. C'est finalement rébarbatif. Du coup, pas de quartier, trois étoiles sur cinq possibles. Bien sûr, n’importe qui est autorisé à penser n’importe quoi de toute chose et l’on peut aussi à bon droit reprocher à l’asperge de n’être pas un salsifis. »

J’ai cherché ce site et ce commentaire. Cela a été assez rapide : ayant demandé la recherche de Bouvard et Pécuchet  à Google, j’ai opté pour le résultat amazon et bien m’en a pris.
Grâce à cette recherche, j’ai découvert un article de Maupassant sur un site fort intéressant, article et site  que j’ai signalés à Lucien.

J’ai trouvé, toujours pour Julien, mais cette fois pour sa « mémoire de lecteur », un extrait de Jules Renard parlant de Poil de Carotte.

Je poursuis la transcription de la lettre de ma « tante »  qui me parait de plus en plus suspecte.
Disons que Lucien et moi avons facilement acquis la certitude de l’imposture.
Mais poursuivons et nous verrons :

Je sais que, de tout cela, vous n’avez jamais entendu reparler, Que Paul n’a plus jamais parlé de son frère, qu’il a interdit qu’on vous en parle ; tout cela, je le sais par votre tante Berthe.
J’ai su la mort de Paul, celle de Berthe ; dernier témoin de cette histoire, j’ai pensé que vous aviez le droit de savoir et que j’étais votre dernière chance et que le temps m’était compté ; pour cela, j’ai pris la décision de t’écrire tout ce que je sais ; pourquoi à toi, ma petite Zoé, plutôt qu’à Lucien ? Un réflexe naturel de vieille dame qui se sentira toujours plus à l’aise avec une autre femme.
La rupture des deux frères a eu une double raison, une raison immédiate, un conflit d’intérêt et une raison plus ancienne qui paraissait oubliée, qui a ressurgi  à cette occasion et où je fus malheureusement « celle par qui le scandale arriva ».


Je pense que ce sera tout pour aujourd’hui : je sors jusqu’à ce soir et n’aurai guère de temps à consacrer aux élucubrations de celle qu’il me plait, malgré tout, d’appeler « tante Jeanne ».