mardi 29 mars 2011

Journal de Zoé : La lettre de tante Jeanne (préambule)

Mardi 29 Mars 2011

Hier, j’écrivais, en substance :
« Au courrier,  je trouve aujourd’hui l’objet le plus anachronique, une lettre manuscrite de deux pages pleines de ma tante Jeanne dont je n’avais pas entendu parler depuis …. »

Je ne précisais pas depuis quand pour la simple raison que j’avais tout oublié.

C’est une très vieille histoire qu’elle me rappelle et même que, pour la plus grande part, elle m’apprend dans cette lettre qui fait surgir un passé, presque totalement ignoré, totalement oublié.

Cette lettre, très difficilement déchiffrable—des « pattes de mouche » extraordinairement irrégulières, un effet du grand âge de la rédactrice vraisemblablement--, je la transcris sur WORD ; j’ai adopté la « police de caractère» dite « Lucida calligraphy »  qui peut suggérer un texte manuscrit mais qui ne ressemble en rien à l’écriture de l’original.

Voici le début de mon travail :

Ma petite Zoé,
Te souviens-tu de nos promenades dans les bois de M…. ?
Te souviens-tu seulement de Jeanne, « tante Jeanne »  pour toi?
Tu étais si jeune, nous nous sommes perdues depuis si longtemps, que je t’appelle encore « ma petite Zoé », bien que tu sois probablement bien près des soixante-dix, peut-être même les as-tu déjà. Si je me rappelle bien, tu n’avais que quinze ans de moins que moi et me voilà octogénaire depuis cinq ans.
J’avais vingt deux ans la dernière fois que je t’ai vue ; il me semble bien que tu venais d’en avoir cinq ; finalement, ce serait dix-sept ans de différence et cela te ferait soixante et huit ans. Je me trompe ?
C’était le printemps quarante-huit.
Mon Dieu ! Que c’est loin tout ça !  Gabriel était parti chez le notaire avec ton père ; j’étais restée pour garder « les petits », ma présence là-bas étant inutile ; je n’étais après tout qu’une pièce rapportée.
J’aimais bien vous garder ; vous étiez si sages, toi surtout, ma petite Zoé.
Ce jour-là, il faisait un temps magnifique, un vrai temps de printemps, un peu chaud, comme il arrive souvent en Mai ; je vous ai amenés au bord de la rivière où nous avons pique-niqué ; peut-être te rappelles-tu tout cela.
Ce que tu ne sais probablement pas c’est que Gabriel et Paul  devaient nous y rejoindre et ne sont jamais venus.

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