lundi 28 mars 2011

Journal de Zoé : Modestie ostentatoire et Tante Jeanne

Lundi 28 Mars 2011

Lucien me donne cette « perle » à lire.
Commentaire clopinesque  sur le billet Daniel Mendelsohn en critique exemplaire du 28 Mars 2011 :
Patatras. Ca, c’est tout-à-fait le genre de billet assoulinien qui m’est parfaitement déconseillé (surtout un lundi matin), car il me ramène tout droit au sentiment profond de mon insignifiance.
Oh, ce n’est pas que la littérature, ou l’art évoqué ici, me soient parfaitement étrangers. Ma sensibilité aussi entre en résonance,comme les cordes du violon, à l’énoncé des noms, objets du regard attentif de Mendelshon (le musical !). Moi itou, je pense que l’écriture de Woolf utilise les parcelles fragmentées , à l’éclat métallique du mica, de la voix intérieure des femmes, pour mieux les opposer à l’implacable ordre moral victorien, dominé par le mâle. Moi de même, j’ai cette curiosité pour un Truman Capote - qui, en plus, si je ne m’abuse, piqua pas mal de carburant à Mac Cullers,- et déplore cette préciosité mondaine qui l’habitait et que nous connaissons que trop, et à trop d’exemplaires, en France. (sauf que les nôtres de mondains - tel Swann gâchant sa vie - finissent ministres de la Culture de droite, et pourtant, quelle flamboyante beauté que cette Madame Burteffly diffusée à l’écran, sortie du cerveau de notre cultureux premier mondain …).
Et perso également, bouleversée par l’honnêteté tragique de Borkeback Mountain, je me refuserai toujours à nier l’homosexualité comme moteur de cette histoire-là, alors que c’est précisément elle qui en fait une absolue tragédie, au sens antique…
Donc je ne devrais pas me sentir si exclue du sujet du jour ? Ben c’est même pire que cela. Je me sens percluse, oui, percluse devant lui. Et un peu tordue par la mesquine envie, qui déforme la bouche et mord l’amour-propre, cette vilaine petite peau qui entoure le coeur.
Voilà un critique littéraire qui possède tout ce que je n’ai pas. Qui se permet de transcender son métier en mettant à son service tout le savoir accumulé que l’auteur possède, et qui m’est à jamais interdit. Un authentique helléniste, qui plus est, nous dit notre hôte, “pluridisciplinaire” (ben tiens).
Moi qui ai tant de mal à concilier les aspects contradictoires de ma vie, qui me sens si petite devant le savoir si grand, comment puis-je lire un tel compte-rendu sans être envahie par le désespoir de l’ignorance ? Vous me direz qu’il me reste le recours d’aller lire ce livre de Mendelshonn, puisqu’il parle de ce que moi aussi j’aime. Mais la taie de mon ressentiment si violent (de tels hommes existent quelque part, et me renvoient, du fait même qu’ils existent, à mon insignifiance) colorerait de rouge ma lecture, j’en ai bien peur. Il faut être humble pour lire un tel homme, s’il est tel que Pierre Assouline le décrit. Je me cabre là devant, comme le cheval devant l’obstacle, trop haut pour lui. J’ai bien l’impression que je m’y casserais les pattes, et tomberais dans la rivière.
Or, mes rivières sont bien frisquettes en mars, et l’on peut y attraper du mal. Restons donc sur le talus, attrapons maladroitement les branches, progressons péniblement (mais toute seule), et, tâchant d’oublier qu’il est des personnes qui emploient la musique de la phrase grecque pour parler de leurs lectures, ce qui me sera à tout jamais interdit, contournons l’obstacle.
| le 28 mars 2011 à 08:53

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Au courrier-- je parle du véritable courrier, celui qu’un véritable « facteur » dépose chaque jour ouvrable dans ma boite aux lettres--,  je trouve aujourd’hui, avec les habituels coupons de réduction—cette fois, j’userai peut-être de celui de la Redoute pour une table basse que j’avais décidé de commander en Avril--, l’objet le plus étonnant, le plus inattendu, le plus incongru, le plus anachronique, une lettre, une véritable lettre, une lettre manuscrite de deux pages pleines, pour tout dire une lettre de ma tante Jeanne dont je n’avais pas entendu parler depuis ….

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