lundi 11 avril 2011

Journal de Zoé : Jeanne, Paul et Gaby (suite)

Lundi 11 Avril 2011

Ni marche, ni vélo aujourd’hui. Le temps n’est pas propice et cela est fort heureux ; mes cuisses ont besoin de repos.

J’ai donc repris la lettre de « ma tante ».
La tâche n’est pas aisée : écriture minuscule et désordonnée, ratures nombreuses, ponctuation pas toujours évidente (j’ai du refermer une parenthèse  ce matin), plusieurs mots illisibles (je ne suis même pas assurée d’avoir toujours transcrit le mot exact), logique défaillante ; dans ma transcription, j’essaie d’aérer un peu par des sauts à la ligne ; dans l’original, tout est serré, confus et, de surcroit, Jeanne utilise une méthode que je croyais disparue avec la génération de ma grand-mère : une page remplie, elle continue dans les marges sur la feuille tournée à 90 degrés.

Voici donc la « livraison » du jour :

Revenons à mes amours avec ton père et ton oncle, des amours dans le « style Jules et Jim » te disais-je à peu près. En réalité, ce n’était pas vraiment comparable au roman où, si je me souviens bien, Jules rencontre Kathe (devenue Catherine dans le film de Truffaut ; tiens ! n’est-il pas amusant que l’on se rappelle sans erreur les prénoms des garçons, évidemment à cause du titre, et jamais celui du personnage joué par Jeanne Moreau alors que je te défies de me donner les noms des acteurs masculins ; à ce propos, j’ai découvert récemment que Henri Serre qui joue Jim n’a tourné que peu de films sans intérêt d’ailleurs dont un OSS117 ; je ne sais pas s’il était Hubert machin… il avait le physique), Jules rencontre donc Kathe, la présente à Jim, tout cela peut cadrer mais Jim et Kathe ne deviennent amants que des années plus tard après une longue séparation du couple allemand Jules-Kathe et du français Jim.
Donc pour en revenir à mes amours avec Paul et Gaby, nous formâmes un ménage à trois, harmonieux, ma foi, jusqu’en Septembre 45.
Là, je devine que tu vas penser « Mais, en Juillet 44, cette gamine avait au plus 18 ans, d’après ce qu’elle me dit ; le village de M… est un petit village où une histoire de ce genre ne pouvait que faire scandale ; comment les parents ont-ils accepté cette situation ? »
C’est une question que je me pose encore. L’époque était bizarre, vois-tu ? Nous n’étions plus vraiment là. Me rechercher aurait signifié me livrer à la Gestapo. Peut-être même ont-ils eu peur de Paul ? Ils n’ont rien essayé, à ma connaissance.
Par la suite, au retour à la normale, ils ont refusé de me revoir. Et cela m’a été, m’est toujours, indifférent.

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