vendredi 27 mai 2011

Journal de Zoé : De plusieurs événements

Vendredi 27 Mai 2011

Si je n’ai encore rien dit de l’Affaire DSK, c’est parce qu’il me parait prématuré d’avoir une opinion. Disons quand même que le système judiciaire américain me semble aberrant, que je ne partage pas la colère « féministe » qui s’est exprimée depuis quelques jours, que je n’ai aucune sympathie politique pour DSK mais que je souhaiterais un peu plus de sérénité.
Le futur accouchement de Mme Sarkozy  dont j’avais dès 2008 prévu la date ave une bonne précision—mais cela nécessitait-il des dons exceptionnels ?—m’amuse beaucoup. J’ai parié avec Lucien que l’événement serait télévisé. Il prétend que c’est inenvisageable. Charlotte ne se prononce pas.

J’ai reçu ce matin une nouvelle lettre que j’ai pris le temps de transcrire intégralement :

Ma chère Zoé,
Ce 14 Mai, je reprends cette correspondance. Voici  précisément deux semaines que ma précédente lettre t’a été expédiée. Je crois me rappeler m’être embarquée dans d’assez longues et peut-être même confuses digressions pour justifier mes souvenirs parfois discutables ; j’ai dû évoquer quelques exemples de souvenirs construits et probablement aussi d’autosuggestion. Il s’agissait de préciser la « fraternité » de mes deux « amis » et de justifier mon erreur sur l’Ecole Normale. J’ai, depuis le départ de ma lettre, pensé qu’un autre détail a pu te paraitre suspect : l’engagement de ton père dans la Résistance, chose dont tu n’as jamais entendu parler—et pour cause-- et qui effectivement, à la réflexion, parait bizarre.
La fatigue m’avait arrêtée. Aujourd’hui, 19 Mai, je peux reprendre ma rédaction.  J’en étais donc à ce que je t’avais précédemment écrit de notre passé de « résistants ». Là encore, j’ai légèrement modifié la réalité, mais, là encore, il n’entre aucune malice, aucun calcul : la vision que nous pouvions avoir de nos actions dans ces sombres années est, si tu y réfléchis, bien différente de celle que vous pouvez en avoir, des années plus tard, vous qui n’avez pas, ou si peu, connu cette époque ; à l’habituelle cause de la différence de « point de vue » entre générations, le passage du temps, vient s’ajouter le changement radical  que nous connaissions alors, ce recul sans précédent de civilisation, ce retour brutal aux temps barbares ; c’était la fin du monde dans lequel nous avions grandi, c’était le retour de la Loi du plus fort et, dans ce contexte-là, un acte banal de la vie quotidienne des années précédentes, des années dont on ne savait même plus si elles avaient été « normales », devenait indiscipline, devenait acte de résistance.
Encore arrêtée par l’arthrite et aussi par la fatigue due à l’agitation provoquée par le retour des souvenirs, je peux reprendre ce 23 Mai.
Je voulais te parler de ma vie avec Paul et ses enfants et me voilà aux prises avec un passé que je croyais pour toujours disparu, avec un Temps que je ne souhaitais pas vraiment retrouver. Je t’expliquais—et peut-être l’expliquais-je à moi-même-- que notre vision de la réalité étant faussée par ce que nous vivions, il est bien possible que nos souvenirs l’aient été de la même façon.
Oui. Nous vivions dans un monde irréel dont la sortie a été pour la plupart d’entre nous un immense soulagement et de ce monde, de cette vie, nous n’avons après tout gardé que le souvenir que l’on peut conserver d’un cauchemar. Et puis ne négligeons pas non plus l’influence de l’image donnée après coup de l’époque, des décennies de « pieux mensonges » où l’on a voulu occulter ce qui dicta d’évidence notre comportement réel, survivre, ne pas se faire remarquer, rien de bien glorieux sans doute, et, au sortir de tout cela, comment petit à petit ne pas se persuader que nous avions bien été ces héros…..
Oh ! Des héros, il y en a eu. La plupart en sont morts. Mais ton père et nous, ….
Nous avons quand même un peu aidé, un tout petit peu. Je te raconterai cela plus tard. Je dois m’arrêter maintenant.
Mercredi 25 Mai 2011
Le facteur vient de m’apporter ta lettre.
« J’ai beaucoup réfléchi, « tantine », et me suis finalement résolue à venir vous voir. Il m’est impossible de préciser la date, mais ce sera aux alentours du 15 Juin» me dis-tu. C’est donc de vive voix que je te poursuivrai mon récit.
A bientôt, ma petite Zoé.
Tante Jeanne

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