mercredi 4 mai 2011

Journal de Zoé : Souvenirs!

Mercredi 4 Mai 2011

Nous avons attendu le  maçon—nous entreprenons des travaux—toute la matinée.
J’ai eu du temps, malgré cela, pour poursuivre la transcription de La Lettre :

Ma chère petite Zoé,
Je sais, ta tante Berthe que j’ai vue très régulièrement jusqu’à sa dernière maladie me l’a dit bien souvent, je sais que ton frère et toi m’avez complètement oubliée et que ton père a tout fait pour cela. D’après elle, il avait tellement souffert de mon départ, même si ce départ me fut en quelque sorte imposé, que tout ce qui pouvait évoquer mon souvenir lui étant insupportable, il interdit toute référence à mon existence. En bref, on ne parla plus de moi. Bien sur, j’aurais pu refuser de monter dans la voiture de Gabriel. Je pense que je l’aurais regretté ; je les aimais tous deux, mais je crois, comme je le croyais alors, que je n’étais indispensable qu’à Gaby. J’ai eu depuis bien des occasions de constater que c’est là l’illusion de bien des femmes, au moins celles de ma génération, et autant que j’ai pu en juger de bien des plus jeunes également, croire que leur bonheur pourrait tenir dans le bonheur qu’elles pourront donner aux autres, choisir, si elles pensent avoir le choix entre deux hommes, choisir celui qui leur parait le plus faible.
Sottise ! Sottise ! Sottise !

A midi, le maçon a appelé pour dire qu’il viendra « peut-être » dans l’après-midi.
Attendons.
En attendant, quelques lignes supplémentaires de la lettre :

Passons ! Je n’écris pas pour revenir sur mes déboires sentimentaux. Je suis montée dans cette voiture, j’ai choisi cette vie-là et PERSONNE ne m’a jamais rien imposé.
Ma vie n’a, par la suite, pas toujours été heureuse, mais il me reste le souvenir de ces quatre merveilleuses années passées avec votre père et vous. C’est ce souvenir heureux que je dois partager avec vous, que je ne peux plus partager avec personne d’autre.
Te souviens-tu de promenades dans la montagne, juste au-dessus de M… ? Vous couriez sur le sentier, ton frère et toi, jusqu’à épuisement, puis vous acheviez la montée sur les épaules de Paul et Gaby.
Te souviens-tu de nos pique-niques ?
As-tu oublié ce jour où tu as glissé dans un torrent ? Tu avais quatre ans. Tu peux avoir gardé ce souvenir-là.

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