mardi 3 mai 2011

Journal de Zoé : La deuxième lettre

Mardi 3 Mai 2011

La Lettre est arrivée au courrier de ce matin.
Toujours les mêmes pattes de mouche désordonnées.
J’ai eu le temps de transcrire le début.
J’utilise cette fois une police que je n’avais pas remarquée précédemmentet qui évoquera mieux la lettre manuscrite :  Lucida Handwriting.

Ma mère, je ne sais pas si tu t’en souviens, mais non, suis-je sotte, tu ne peux pas l’avoir rencontrée si je ne la voyais plus moi-même à cette époque-là, ma mère était une femme de l’ancien temps et, je ne dis pas une bourgeoise, mais issue de la bourgeoisie. Sa mère avait toujours eu plusieurs bonnes, la mienne avait un peu déchu et l’époque avait changé, il devenait difficile de « se faire servir » comme elle ne cessait de répéter n’importe quand et n’importe à qui. J’ai été élevée dans l’idée surannée qu’une « demoiselle bien élevée doit être capable de  tout faire dans son ménage, non parce qu’elle aura à le faire elle-même—à Dieu ne plaise !--, mais parce qu’elle aura sans doute à former ses bonnes et que pour en être respectée elle devra se montrer compétente ».
Ses bonnes, ma mère les choisissait parmi les jeunes personnes de M… que leurs parents souhaitaient « placer » en ville. Ces gamines, sous prétexte de « formation », assuraient notre service pour presque rien ; je ne trouve pas d’autre mot que « rien » pour les conditions dans lesquelles elles étaient « logées, nourries, blanchies ».
Et voilà que je parle de ma mère et que je ne sais même plus ce que je voulais t’écrire.
Si j’ai commencé cette lettre, c’était pour te parler de notre passé commun, te le faire connaitre, car il me semblait indispensable de savoir qui nous sommes vraiment. Et maintenant, je m’interroge sur la nécessité de tout cela. Cette grande fatigue que je m’impose te sera-t-elle vraiment utile ? Pourquoi remuer le passé ?
Ce 11 Avril 2011, je reprends ce courrier.
Voilà plus de deux semaines, je t’ai envoyé les premiers feuillets.
Les premières lignes de ce texte-ci étaient alors déjà rédigées.
Je les conserve et commence maintenant une deuxième lettre où j’essaierai de conter l’essentiel, c’est-à-dire la vie de Jeanne, Paul et Gabriel avec les jumeaux.
Ma chère petite Zoé,
………..

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